Démissionner, dissoudre ou retirer
La modification des retraites rejoint le bon sens. Mitterrand porte la faute d'avoir fait croire à un mirage que les courbes de natalité et d'espérance de vie démontrent et dissolvent. Mais si l'on veut réformer il faut d'une part expliquer simplement le sujet, d'autre part montrer l'exemple. Ce sujet serait-il complexe qu'on doit savoir simplifier le propos, sinon ce serait qu'on est incompétent ou retors - je crois plutôt à la seconde hypothèse. Quant à l'exemplarité on la chercherait en vain dans le 'touche pas au Sénat'... Et ailleurs.
Le peuple sent confusément que certaines élites se gavent. Il se révolta devant les courbes inverses des impôts et des services des fonctions publiques. Ce fut l'épisode des Gilets-jaunes, révolte populaire des braves-gens devenus des gens braves, mais peu à peu récupéré par l'extrême-gauche et même la gauche qui ne voyait en Macron l'un des leurs.
Aujourd'hui, c'est la gauche qui lance le mouvement, et le peuple de droite (offensé par le 49.3 et les duperies d'une réforme trop bornée) se tient coi mais approuve qu'on défile et conteste.
Habitué à ce qu'on obéisse à ses pensées, ses désirs et ses rêves, la rue (la gauche) ne cédera pas - Macron est trop honni par trop, si l'on peut dire. Elle étend son action aux villes moyennes, et ne se contentera pas d'un grand débat mené par un piètre acteur. Les syndicats ont un sérieux qui leur fera exiger un Grenelle où l'on traite des retraites bien sûr, mais aussi des salaires.
À court terme Macron ne peut que démissionner ou dissoudre. Retirer la loi votée ne suffira plus sans qu'une véritable consultation sociale ou politique ne soit annoncée.
PS - Que l'on pense ou pas que l'organisation des systèmes de retraite doive être modifiée, il reste que les grèves actuelles devraient être déclarées illégales. Les entreprises qui les subissent devraient avoir la possibilité de licencier ceux qui s'y donnent. Une grève est (devrait être) un conflit social interne à une entreprise ; elle vise à exprimer une insatisfaction envers les dirigeants, les actionnaires ou l'organisation d'une fonction publique. Elle concerne les salaires, principalement, mais aussi l'organisation du travail, les menaces de fermetures ou délocalisations, etc.