Où que vous soyez, qui que vous soyez, tout peut arriver
On voulut tuer l'espérance, l'avenir.
On avait tué Alban Gervaise.
On avait tué Lola.
On avait tué Sarah Halimi.
On avait tué le Père Hamel.
On avait tué Arnaud Beltrame.
On avait tué aussi Samuel Paty.
On avait tué l'homme de prières.
On tua l'homme qui défend et qui sauve.
On tua celui qui enseigne.
On tua celui qui soigne.
Il restait l'innocence.
Il ne suffisait pas de perpétrer des meurtres de masse. Ceux-là effraient, mais leur excès aveugle. Les yeux se ferment et la pensée s'enfuit. Quoi ? Revivre des Oradour ou des Katyn ? Les voir de nos yeux voir ? Nul ne le peut. Ils appartiennent à l'Histoire, et sortent de notre âme.
Alors on s'en prît aux symboles, la prière en premier, car c'est notre essentiel. La protection ensuite, celle qui rassure ou qui soigne. L'enseignement enfin, celui qui ouvre nos intelligences.
Il en fallait d'autres pour marquer les esprits. L'innocence. Il fallait tuer sans motif sinon l'existence. On s'y prit à trois fois. L'innocence de ce que l'on est : on tua Sarah Halimi ; on tua celle d'être une enfant, Lola ; puis l'on voulut tuer celle de n'être rien, des