En France, on n'a pas de pétrole mais on n'a des idées, disait Pompidou lors de la crise pétrolière de 1973. On peut légitimement se demander si ce gouvernement en a. Souvenons-nous que certains avouèrent n'en avoir guère dans une déclaration qui fit date : JC Cambadelis au lendemain des législatives de 1977 - "La gauche doit tout changer, la forme comme le fond, ses idées comme ses organisations" (1)
Au moins avouait-il ici dans un touchant appel que les idées de la gauche n'étaient pas bonnes. Mais au soir du 2ème tour des législatives de 2022 Mme Borne déclarait : « Nous travaillerons […] à construire une majorité d'actions ». Elle réitère suite à sa confirmation au poste de premier ministre : "Nous allons constituer un gouvernement d'actions."
Outre la faute de français, la pauvreté sémantique et intellectuelle du propos est confondante. C'est à croire que l'abaissement de la France que montrent les classements Pisa atteint le gouvernement.
Là où l’on pourrait qualifier le gouvernement par la pratique ou l'intention d'une vertu (un gouvernement courageux) ou d'une intention (un gouvernement ambitieux, décidé à ceci ou cela), on ne trouve que ce génitif sans génie. C’est pas le français que j’cause, ma mère ! C’est la misère… Que montre l'emploi d'un nom si vague ? On serait bien en peine de le dire. Mais voyons ce qui tient lieu d'ambition à Mme le premier ministre.
Ici : « […] Demain, nous devons amplifier et accélérer notre action au service de tous les Français. » Prendre des mesures catégorielles ou sous conditions de ressources, est-il au bénéfice de tous ? Aucunement. Gageons que la classe moyenne n'en bénéficiera pas.
Et là : « […] nous voulons prendre des mesures fortes et concrètes pour le pouvoir d'achat. » Tiens donc ! Le rôle d’un gouvernement est-il seulement de faire des bons alimentaires et des chèques inflation ou d’organiser un tant soit peu la vie économique et de lutter contre l’inflation ?
Là aussi : « Nous voulons continuer à vous protéger et assurer votre sécurité. » Voilà une phrase qui va rassurer les touristes Anglais ! Les centaines de milliers de victimes annuelles de viols, de vols et d’agressions en tout genre et tout couteaux, de cambriolages et autres délits apprécieront la puissance de la détermination gouvernementale. Il est vrai que le premier ministre aurait pu n’en rien dire… Je me demande même s’il n’aurait pas mieux valu : quand on est incompétent sur l’une des dimensions majeures du pouvoir régalien, autant se montrer discret, non ? Coup de chance pour la dame de ferblanterie, les victimes de meurtre et d’attentat ne sont plus là pour récriminer.
Là encore : « […] je suis certaine que nous pouvons nous rassembler […] pour une transition écologique ambitieuse » Mais c’est bien sûr ! Merci à vous tous, possesseurs d’un véhicule qui s’il n’est pas encore à voile ou à vapeur reste thermique. 99% de la population française, tout de même. Mais Madame des Bornes manquantes s’en fout : la moitié d’entre eux ne votent plus, les autres sont hébétés.
Là toujours : « […] pour l'école et la santé » L’échec de tous les gouvernements depuis la réforme Haby sont patents, ceux des ZEP et autres acronymes farfelus de même. Madame le premier ministre fait court sur le sujet. Idem sur le système de santé. On la comprend…
Là enfin :« […] pour notre souveraineté industrielle, énergétique et agricole » On croirait lire du Zemmour, si nous ne pleurions pas devant la vacuité d’une Renaissance annoncée dont on sent bien qu’elle-même n’y croit pas.
Y avait-il autre chose dans son propos ? Que nenni. Ma recension est exhaustive. Et terrible !
Cerise sur le gâteau ? Pas un mot sur l’immigration, son coût, ses drames, ses échecs, ni sur le 'séparatisme'. Pas un mot non plus au sujet des lois (mal)dites sociétales, GPA et Cie. Immobilisme gouvernemental dans le premier cas ; secret des loges et des fous dans le second.
Affligeant. Affligeant au point que l'on finit par se demander si Attali n'était à côté de la plaque quand au lendemain du débat de l'entre-deux tour et pour défendre Macron accusé d'arrogance, il voyait les Français comme des gens qui "confondent compétence et arrogance, excellence et privilèges, élitisme et favoritisme [...] Quand on sait, faut-il s’en excuser ?" (2)
Les propos du premier ministre quant à son programme ou son mode d'action, nous font craindre que sa compétence pour gouverner ne vaille pas mieux que celle de ses prédécesseurs ; eux qui créèrent un abyssal déficit, détruisirent le système de santé et bien d'autres pans de l'administration - l'école, par exemple -, affaiblirent l'Armée, etc. malgré un montant d'impôts et de cotisations le plus élevé du monde occidental.
Affligeant de nullité crasse ! Tout cela est incompréhensible à mes yeux. Restant sauf que l'incompétence ne se masque plus que sous l'arrogance. Attali avait tort.
1 - https://lecourrier-du-soir.com/discours-poignant-de-cambadelis-la-gauche-doit-tout-changer-la-forme-comme-le-fond/
2 - https://www.attali.com/societe/arrogance-et-excellence/