Le ministre de la compassion - Vive l'art. 8
Ansi le fameux imam ne sera pas expulsé bien qu'il soit étranger et fiché S et qu'il ait tenu des propos racistes qui valurent à Darmanin de le vouloir hors de France.
La procédure d’expulsion, signée le 29 juillet par Gérald Darmanin, envers l’imam Hassan Iquioussen a été suspendue par un tribunal administratif le 5 août au motif qu’elle « porterait atteinte à sa vie privée et familiale » nous apprend Public-Sénat.
Le droit de l'individu prime ici toute autre considération que viendrait à faire le plaignant, l'État. Mais alors faut-il se demander si l'emprisonnement – quelqu'en soit le motif – ne porterait pas tout autant atteinte à cette vie privée et familiale ? J'ignorais en effet que l'ombre de nos prisons fût préférable à la vie ensoleillée qu'on peut mener au Maroc. Nul doute qu'un grand effort de salubrité dût être fait sans qu'on nous en informât. Mais passons… On se doit de croire dorénavant que les coups de téléphone, la vie de couple et le rapport avec les siens sont mieux-disants dans le palace de Mérogis, ses salles de prières et ses charmants parloirs que vécus en liberté outre-Méditerranée dans des pays qui seraient au jardin d’Eden ce qu’un pied de porc est au couscous – Delanoë appréciera…
Poursuivons : selon l'art. 8 il faut indubitablement s'interroger sur la moindre sanction et ses terribles effets sur les enfants. Ceux-ci se voient privés de l'amour de leur père, de l’autorité éducative et des subsides que leur travail apporte aux revenus du ménage. Ces traumatismes ne sont-ils pas une gravissime atteinte à la vie familiale d'Iquioussen ou de tout prisonnier ? On se doit même de considérer que la plus minime des amendes pourrait porter atteinte à la vie privée et familiale d’un criminel ou d’un délinquant.
Je propose donc au ministre de la justice un plan imparable pour qu'on ne lui reproche plus l'état des prisons et le nombre insuffisant de celles-ci : il suffit de ne plus incarcérer car perdurer dans cette pratique conduirait inévitablement au surencombrement des bureaux des juges de par les appels au titre de ce fameux art.8. Je n'y vois que des avantages. De même pour les amendes : puisque celles-ci risqueraient de priver un enfant de son nouveau vélo ou de son cadeau d'anniversaire, il ne faut plus en mettre. Ces terribles atteintes au droit à la vie privée ne rapporteraient certes plus les ressources qu'en attend l'État. Quel inconvénient ! Consolons-nous en considérant que la République n'aura plus à payer des fonctionnaires pour garder les prisons, pas plus qu'elle ne devra entretenir ces bâtiments vétustes et insalubres. La vie est belle.
Souhaitons bon courage à Darmanin, il se pourrait que son collègue de la Justice envisage de renommer sa fonction en ministre de la compassion, Paris n’est-elle pas capitale de ce sentiment ainsi que le disait Véziane de Vezins dans son livre Chroniques à croquer ? Non pas au sens de cumpatire (souffrir avec) mais de faire profiter certains des fromages que les puissants gardent le plus souvent par-devers eux.
Un doute m'effraie cependant : à bien y considérer, peut-être les familles de ces délinquants et criminels ont-elles usé de cet Art.8 en considérant avec satisfaction le fait d'être privé de leurs proches plutôt que de vivre auprès d'eux mais au soleil. On ne sait... Quel abîme de perplexité !