L'insupportable prétention de ces petits-marquis et petites marquises à formater les esprits nous les brise menues.
Mme Wargon, ministre du logement, est insatisfaite du rêve des Français.
La ministre du Logement, qui veut voir fleurir les logements collectifs, l’a fait savoir aux professionnels. Pour elle, les maisons individuelles, « ce rêve construit pour les Français dans les années 70 », « ce modèle d’urbanisation qui dépend de la voiture pour les relier », sont un « non-sens écologique, économique et social », a-t-elle déclaré dans un discours jeudi. « Le modèle du pavillon avec jardin n’est pas soutenable et nous mène à une impasse », a déclaré la ministre (1) Ainsi, rapporte La Tribune, « Emmanuelle Wargon espère voir fleurir des logements collectifs qui renouent avec “l’intensité heureuse”. » Quelle jolie formule ! L'intensité heureuse... On croit rêver. ou plutôt cauchemarder !
À l’heure où l’on détruit les barres d’immeubles en banlieue… À l’heure de Bac-Nord et des trafics de drogue… À l’heure des odeurs dont parlait Chirac qui n’ont toujours pas disparu… À l’heure des cages d’ascenseurs toujours en panne et des escaliers qu’on ne fréquente qu’à certaines heures… À l’heure des jets de poubelles, de téléviseurs ou de machines à laver qu’on balance du 8ème étage sur les forces de l’ordre, Madame le ministre depuis sa cossue maison individuelle de Saint-Mandé d’où elle recevait Paris-Match le 8 août 2020 intime aux cochons de Français de rêver aux habitations latines mélangées (Cf. Astérix). Ou plutôt doit-on dire HLM, habitat latino méditerranéen ? Elle osait le faire chez Pascal Praud le 20 avril dernier : « Les gens sont en demande de mixité sociale » (2) T’as qu’à croire…
C’est que, voyez-vous, il déplaît à Madame que : « Oui, de nombreux Français rêvent de la maison individuelle car c’est une promesse de confort, d’espace et de tranquillité. » Mais cela lui déplait souverainement car : « les lotissements en périphérie des villes ne permettent pas toujours d’accéder à ces services et contribuent à un sentiment d’exclusion. » On croyait sottement que l’exclusion concernait davantage les familles obligées de quitter une certaine forme de… mixité dont on a fait lit depuis bien longtemps.
La recherche d’une certaine tranquillité, d’espace et de confort, la recherche d’un peu de ciel, d’une terrasse ou d’un jardin sont des quêtes qui ne doivent plus habiter les esprits des Français, selon Emmanuelle W : « Il faut donc repenser nos modèles d’urbanisme. » Aux relations ou sympathies réelles de voisinage que l’on peut connaître depuis un habitat individuel, le ministre préfère l’anonymat des tours et des barres. Il est vrai qu’enfermé dans un appartement l’on rencontre beaucoup plus ses voisins qu’en faisant jouer les bambins sur le gazon ou en buvant l’apéro sur sa terrasse. Pff… Les rencontre-t-on en franchisant un palier pour monter dans l’ascenseur ou dévaler un escalier ? Non, Madame le ministre, « Cessez d’emmerder les Français ! » aurait dit Pompidou. Cette fois c’est Damien Hereng, président de la Fédération française des constructeurs de maisons individuelles qui lui dit : « Laissez les Français tranquilles ! »
Avec tout le respect qu’on doit aux exécutants d’une autorité qu’ils s’arrogent, peut-on dire à notre chère ministre que le bonheur ne vient pas par une lutte contre l’espoir des citoyens, mais par l’action qui le favorise. On ne décrète pas à des personnes humaines : ‘Vous rêvez mal. Vous pensez mal ! Vous agissez mal.’ Un ministre ne devrait pas dire ça… Un ministre – sauf chez les Khmers rouges et les camps de rééducation – ne devrait pas désirer enfermer les gens dans des cages à poules, privés de la liberté qu’apportent les ailes de leur voiture individuelle et la proximité d’espaces naturels que Dieu fit et que les hommes embellissent vaille que vaille en dépit des gouvernements.
L'insupportable prétention de ces petits-marquis et petites marquises à formater les esprits nous les brise menues. Ces technocrates veulent le bonheur des gens et, surtout, savent ce qui est bon pour eux. Surtout ne faudrait-il pas leur demander ! le ministre le sait pourtant : 75% des Français. Les 25 autres sont les électeurs de Macron.