Les révoltés de pacotille
D’aucuns inondent les réseaux sociaux de remarques sur l’inutilité de porter des masques, lesquels nous sépareraient les uns des autres et ne nous protègeraient en rien puisque l’épidémie serait éteinte. Je souhaite à ces personnes que nul de leurs proches ou leurs amis ne soit atteint du virus qui traîne.
Leurs avis finissent par nous gaver… La santé est un domaine privé duquel il est parfois discourtois de discourir, et encore plus de donner des conseils quand on n’est pas soi-même expert infectiologue ou de quelque autre spécialité. Cela est même inanine quand le conseil est relayé par un illustre inconnu multipliant d’autant les lectures de sa chaîne Youtube que l’incertitude de ses sources. D’autres parsèment leur mur FB ou Insta de conseils plus naturalistes que médicaux, et viennent à donner un avis qu’ils veulent scientifique. Que diable ! À les écouter il aurait fallu ne pas inventer la pénicilline… Et les progrès de la médecine sont les plus dangereux qui soient. Ainsi des vaccins ! ‘Mon Dieu ! Un vaccin ? Mais vous n’y pensez pas. Ces choses là sont les plus nocives qui soient.’ Quant à moi, je ne suis pas mécontent d’avoir été vacciné contre les diverses maladies infantiles qui avaient cours en ma jeunesse.
Des théories ont cours, complotistes peut-être et largement YouTubisées. Notamment celles selon laquelle un vaccin en préparation inoculerait un traçage permettant de géo-localiser qui l’ingurgiterait. Il se peut… Il se peut et qu’y peut-on ? Il existe sur bien des maladies autant d’avis que de médecins ; et encore plus de maux desquels on ne sait rien sinon qu’on est parfaitement ignorant. Sait-on tout sur le Covid ? Non ! Faut-il à ce propos contribuer à rendre davantage anxiogène l’opinion en intimant à autrui son comportement ? Pseudo révolte de pacotille ! Sans moi ! Ma liberté est de choisir. De prendre les risques que la vie me propose et non de fuir toute prudence, n’en déplaise à tous les bavards de la rébellion contre le gouvernement.
Car venons-en à la ‘courageuse’ révolte des mots. Ceux-là même qui dénoncent les puissants quand ils usent d’un langage empreint de couardise devant la violence urbaine se croient pouvoir user du mot dictature… Heureux sont-ils de n’avoir connu celle des Nazis ou des purges de Staline ! À les lire la parole contestataire deviendrait interdite… « Ecrire et lire l’interdit pourtant public et publié ... nous est possible. » Rions de leurs sabres de papier mâché dont la raideur intellectuelle est semblable à celle de Toto ou Bécassine. Et encore…
Ainsi le port du masque au sujet duquel on fustigeait le gouvernement de son impréparation et qu’on jugeait nécessaire il y a quelques mois, deviendrait par son obligation le symbole de l’oppression d’un gouvernement auquel on ne reconnait la moindre légitimité. On se montre… On s’exhibe… On trempe sa plume dans la vapeur du Cloud… Virtuelle bravoure… Tout cela est humeur baveuse de limaces flattant leur égo dans le nombre de likes qu’obtiendront leur post…
Certains rappellent que le visage est le reflet de l’âme. Et que par lui les sentiments envers autrui s’exprimeraient. Il est vrai. Mais quand les mêmes se masquent en été derrière de grosses lunettes de soleil avec si possible effet miroir, ou quand son égo pousse à ne saluer son voisin ou un passant ou ôter son chapeau devant une dame, est-on dans une moins grande distanciation que par le port d’un masque ? Il est de nos aînés qui veulent encore jouir sur terre de notre présence amicale, et certains de ceux-là ne sont pas mécontents que nous les aimions, fusse en portant un fin tissu de voile. Devrait-on les snober s’ils portent un masque ou demande qu’on le fasse en les visitant ?
Je n’aime l’unanimité des pseudos révoltés au ton péremptoire. Elle me parait tout autant manipulatrice que celle du gouvernement.
Vive la médecine ! Vive les médecins ! Ici je me démasque, mais je ne le ferais dans une foule dense...