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Didier Guillaume mange son chapeau

Un vrai bonheur, notre ministre de l’agriculture ! Devant les questions angoissantes de son intervieweur – on est chez Bourdin ! – qui s’inquiétait des risques de rupture de la chaîne alimentaire, il répondit mardi matin : « Il faut favoriser les circuits courts. Acheter son poireau, ses asperges et son fruit à l’agriculteur du coin ; celui que je connais. Au marché. » Té… On vous l’avait bien dit que le local, celui dont je peux voir les vergers, les potagers et les champs cultivés c'était pas mal et que ça pollue moins.

Laissons-le poursuivre : « Je veux saluer le patriotisme alimentaire ! Les grandes surfaces s’y sont engagées. » Un peu dommage qu’elles n’aient songé à mieux rémunérer les producteurs Français, dirons-nous. Mais point de mesquinerie. Cette fois c’est dit : ‘On mangera Français, ma brave dame !’ On mangera français car : « Il faut nous recentrer sur ce que nous sommes, nous-mêmes. Sur ce que sont nos tripes, notre patrimoine - on a cru entendre S. Bern un instant - Sur ce qu’est notre culture et notre agriculture. Elle est belle, elle est bonne. » Il manquait juste le 'Qui n'en veux de ma salade ?' Bien sûr, nous on le savait bien que le bœuf aux hormones ça vaut pas les tripes à la mode de Caen. Et que l’Angus c’est pas mieux que le bœuf de Chalosse ou la charolaise. Mais quand même !

Oui, quand même ! Car le ravi du beau matin est partisan de faire pousser le soja ici-même. Vous ne le croyez pas ? Si, si… Je vous l’assure. « Il ne faut pas que les tourteaux de soja fassent le tour de la terre ou nous viennent en bateau d’Amérique. » poursuivait-il. « Il faut une exception alimentaire dans les traités internationaux ! » vous dis-je, qui disait not’ ministre. Bon c’est vrai que le CETA et autres traités contiennent plus d’exceptions culturelles qu’agriculturelles… Le reste devait être écrit dans la version française seulement peut-être ?

Notre bon Guillaume poursuivait dans la même veine : Au boulot ! Les travailleurs immigrés ne peuvent cueillir des fraises ou butter de l’asperge ? « J’appelle à l’armée de l’ombre ! répondait-il. Aux femmes et aux hommes qui ne travaillent pas. Il y 200000 emplois directs dans les métiers de l’agriculture. Nous sommes en crise, nous avons besoin d’une solidarité nationale. Allons dans les champs. Dans un acte civique et citoyen ! » Quel lyrisme. Du Jaurès… « Il faut une mobilisation générale de ceux qui ont envie de bosser ! Envie de travailler. Et si je le fais c’est pour les miens ! Il faut que mes concitoyens fassent ce geste de patriotisme alimentaire : J’achète français ; j’achète des produits français ! je ne veux pas que mes concitoyens – quel délice ce possessif ! – mangent du poulet brésilien élevé dans des conditions dramatiques » Il se répète un peu là, dis ? Mais c’est si bon qu’on lui pardonne…

Les 35 heures ? Travailler 60h ? Est-ce permis? Bah… Oui. On a le droit de s’asseoir sur ces durées : « C’est déjà fait dans la loi travail de Muriel Pénicaud, on peut travailler la nuit, le dimanche. » Faut dire que si y’a plus de Messe… « C’est quand il y a des grandes crises qu’on se remet en cause. » concluait-il. Ben oui, mon camarade. C’est comme tu dis ! Si tant est que ces propos n’étaient pas dus au virus ou au blanc du matin… Rejoins-nous vite car m’est avis que tu n’resteras pas ministre bien longtemps !

Remettre en cause les 35h. et le chômage et les traités internationaux, et appeler au patriotisme alimentaire ! Tout ça publiquement en 20 minutes d’interview… Quel beau ministre de Marine, Marion, Zemmour ou d'un autre tu feras !

  

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